Paris a été livré à la chienlit le 1er mai.

Comme c'était prévisible, à la suite de cette prise de possession de la rue par des énergumènes s'abandonnant avec rage et volupté à des démolitions tant physiques que matérielles, des polémiques ont surgi et mis en cause l'action policière qui n'aurait pas été à la hauteur du cataclysme annoncé et concrétisé.

Je n'ai pas connu d'événements, certains encore assez récents, qui n'aient pas suscité, à chaque fois, des controverses du même type comme si, faute d'avoir pu admirer un État ferme et des forces de l'ordre efficaces, on se consolait en rappelant, mais trop tard, ce qui aurait pu et dû être mis en oeuvre.

Ce 1er mai non seulement n'a pas dérogé à cette règle mais a conduit spécialistes et profanes à se livrer à mille considérations souvent critiques sur l'incurie et la faiblesse de nos systèmes de protection au sens large. Toutefois, ce n'est pas faire preuve de mauvais esprit que de souligner pour le moins une médiocre adaptation de ceux-ci à l'ampleur de la menace et à son insolente et scandaleuse extériorisation.

Ce fiasco du 1er mai, aussi explicable et relatif qu'il soit, exigerait d'abord de la part du pouvoir une contrition, des regrets.

Autant, sur ce plan, malgré le volontarisme affiché, le constat triste et l'aveu navré de l'impuissance m'ont semblé justifiés de la part de Gérard Collomb, autant je n'ai pas apprécié le ton cocardier et presque désinvolte du Premier ministre se contentant d'une pauvre argumentation sur le fait qu'il y avait toujours eu des polémiques, sans l'ombre d'une prise de conscience sur l'intolérable de la veille puisque, selon lui, il n'y a eu "aucune défaillance de l'État".

Ne nous voilà guère avancés sur le point capital de savoir si le 1er mai on aurait pu bloquer en amont les Black Blocs et éviter qu'un temps ils soient les maîtres absolus d'un espace d'où des luttes pacifiques avaient été exclues.

Je ne suis pas un adepte du "il n'y a qu'à", apanage des lucides d'après la catastrophe.

Je ne méconnais pas que le changement de stratégie de la police - des structures lourdes ayant été substituées aux unités légères se fondant dans la masse - a entraîné des retards dans les interventions de sauvegarde, par exemple pour la casse du McDonald's.

Je mesure l'inquiétude du préfet de police à l'idée que des dommages collatéraux, notamment humains, aient pu être causés par une trop grande vigueur policière mais a-t-on le droit de s'interroger ? A force d'avoir voulu prévenir et éviter ceux-ci, n'a-t-on pas négligé de s'en prendre aux dommages centraux, aux saccages et aux atteintes essentiels, n'a-t-on pas pris le risque de privilégier une retenue, voire une abstention préjudiciables au détriment d'opérations et d'actions certes risquées mais que la mesure aurait pu gouverner ?

Je doute qu'on ait explicitement enjoint aux CRS de "laisser casser s'ils cassaient" mais il y a eu vraisemblablement la diffusion d'une philosophie générale mettant en garde contre les réactions inopportunes et précipitées aussi légitimes qu'elles auraient été.

Il n'est pas faux en revanche de suggérer qu'une piste sérieuse pour l'avenir devrait être de multiplier, en amont, les fouilles et les contrôles d'identité pour éliminer du champ ultérieur tous les fauteurs de trouble, de désordre et d'agressions.

Le préfet de police, pour sa part, a regretté, avec un zeste de nostalgie attristée, certaines dispositions de l'état d'urgence.

Je suis persuadé qu'il conviendrait, pour mieux réprimer les Black Blocs, les phénomènes de plus en plus fréquents de violences collectives et, par ailleurs, les transgressions délictuelles et criminelles, de restaurer les peines plancher et de rétablir une loi anticasseurs en l'adaptant aux situations d'aujourd'hui où des identités insaisissables, en groupe, se livrent, certaines de leur impunité, à des comportements condamnables.

Aucun gouvernement ne fait mieux que le précédent pour la sécurité et le maintien de l'ordre républicain. Emmanuel Macron, dans ce registre, ne fait pas de miracles.

Une touche de modestie siérait pour cette évidence.

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04 mai 2018 à 0:00

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