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Ces derniers temps, j’ai eu quelques TFE (travaux de fin d’études) à corriger-améliorer et dois reconnaître mon incapacité à comprendre le « haut niveau » exigé, à voir l’utilité de ce « haut niveau » : des étudiants de Haute (!) École sont obligés de trouver leur sujet eux-mêmes, ensuite de suivre un canevas strict imposé, de consulter des articles et des livres « du plus haut niveau »… et je constate qu’ils ne comprennent pas ce qu’ils font, qu’ils sont désespérés… qu’ils sont incapables d’écrire une phrase en français correct.

Et beaucoup de parents payent des spécialistes pour faire le travail de leurs enfants. On peut se demander s’il n’y aurait pas moyen de faire des économies, d’éviter cette inégalité entre enfants de riches et enfants de pauvres par un enseignement démocratique réel qui formerait chaque enfant selon ses moyens intellectuels, ses talents. Cela après avoir assuré des bases indispensables à tous selon une progression utile dans les connaissances. Ces bases étaient acquises par quasi tous les enfants de douze ans avant les réformes du style « rénové »…

Les bases consistent à savoir lire, écrire, calculer, raisonner, à connaître un peu le monde.

Ridicule, me font comprendre beaucoup de parents. Ces parents sont fiers de ce que leur jeune enfant a déjà appris, que je ne savais pas à son âge. Quand je réponds que c’est trop à la fois, que tout ce « savoir » ne peut que disparaître, ils me regardent d’un air apitoyé et ajoutent : "Mais, Mia, ce n’est plus comme avant, il y a Internet, chaque enfant construit son savoir, il est motivé !"

Un responsable d’association de parents m’a même fait savoir que je n’avais rien compris à la démocratisation de l’enseignement… C’est vrai, je n’ai rien compris à ce système qui aggrave les inégalités en se voulant égalitaire.

Je voudrais, malgré tout ce que je lis et entends, et comme quelques pédagogues réalistes, que l’enseignement soit d’abord… un enseignement, c’est-à-dire la réception par l’enfant de ce qu’il doit savoir, la répétition et des exercices simples, progressifs. On ne construit pas un bâtiment sans fondations ! Ensuite, que chaque enfant ait l’occasion de développer ses propres talents – le plus possible en compagnie d’enfants ayant les mêmes talents et dans une saine émulation – grâce à Internet entre autres. Il faut aussi que les enseignants ayant d’abord assuré l’enseignement soient capables de guider, de motiver leurs élèves individuellement.

Cela ne doit pas être impossible si chaque enfant se sent respecté pour ce qu’il est et pour ce en quoi il est doué… Pour ce qui est utile à la société ! Je n’oublie pas les paroles d’une amie bulgare à l’époque de l’URSS : "Chez nous, il y a de bons médecins. Ils le deviennent par motivation car leur salaire est quasi le même que celui d’un ouvrier."

C’est cela, un enseignement démocratique, un enseignement qui donne les bases du savoir à tous les enfants et qui, ensuite, leur permet de progresser non seulement selon leurs talents mais aussi selon les besoins de la société. À vouloir donner « les mêmes chances » à chacun, à vouloir un « haut niveau » pour tous, on en est arrivé à un bas niveau pour tous (PISA), à détruire les chances de ceux qui n’ont pas de parents riches et on s’éloigne encore un peu plus chaque année d’un enseignement démocratique.

Mes observations ne rencontrent pas beaucoup de succès auprès de parents pour qui le seul souci s’appelle trop souvent « les points ». Et j’espère toujours une réaction de parents groupés, de parents qui comprennent que leur enfant a beaucoup « appris » mais est incapable de comprendre des choses toutes simples, d’écrire une phrase correcte… que cette situation indigne peut et doit changer !

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30 août 2017 à 17:46

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