À l’occasion de la Journée mondiale des réfugiés, Anne Hidalgo a adressé un courrier aux ministres de l’Intérieur et de la Justice pour attirer leur attention sur la crise migratoire à Paris, qui risque de s’aggraver cet été.

Ils sont "en augmentation nette depuis le début du printemps et plus particulièrement depuis deux semaines", écrit-elle, estimant que plusieurs milliers de migrants camperont cet été dans les rues de la capitale si l’État ne crée pas plus de places d’hébergement. Elle précise qu’un campement "d'un millier de migrants" s'est reconstitué dans le nord de Paris, avec des "tensions à l'entrée" et des rixes qui "se multiplient".

Pour remédier à cette situation, elle lance plusieurs pistes : répartir dans toute la France les demandeurs d'asile, en l’inscrivant dans la loi ; intégrer les réfugiés par des cours de français et la formation professionnelle ; élaborer une politique européenne ambitieuse en matière d’asile. Elle suggère enfin la création "d'une instance […] animée par une personnalité ayant une légitimité de parole sur le sujet afin de construire une réponse collective".

Ah, la belle conscience ! Elle témoigne sa solidarité tout en rassurant ses électeurs qui pourraient s’inquiéter : il faut mieux faire partager la charge des immigrés sur tout le territoire français.

Mais, à aucun moment, elle ne s’interroge sur les causes de ces déplacements massifs – ce qui la dispense de réfléchir à des solutions pour les maîtriser. Il est vrai qu’elle n’est pas la seule à se montrer borgne devant l’immigration. Le même jour, le ministre de l’Intérieur a annoncé la possible "ouverture de centres d’accueil" pour migrants sur le territoire français, sans en préciser le nombre ni la localisation.

L’Élysée, pour ne pas être en reste, a fait savoir que "le Président était très mobilisé et pilotait en direct le sujet en lien avec Gérard Collomb". En conformité avec le programme du candidat Macron sur l’immigration, bizarrement absent de sa profession de foi. Mais maintenant qu’il est élu, il peut annoncer la couleur haut et fort.

Rejetant l’assimilation, notre Président veut, comme le maire de Paris, offrir aux immigrés une formation linguistique et inciter les communes à lancer des programmes d’intégration. En Européen convaincu, il avait approuvé la décision d’Angela Merkel d’ouvrir les frontières de l’Allemagne, précisant même – ce qui est révélateur – que "c’est d’abord notre dignité et c’est aussi une opportunité économique, car ce sont des femmes et des hommes qui ont des qualifications remarquables".

Voilà un homme qui pratique à merveille la casuistique, que dénonçait Pascal dans Les Provinciales : il sait, comme Tartuffe, "rectifier le mal de l’action/Avec la pureté de [son] intention".

Bref, le programme d’Emmanuel Macron en matière d’immigration est proche de celui que défendait François Hollande, qui est proche de celui d’Anne Hidalgo. La grande famille est unie qui, sous couvert de solidarité et de fraternité humaine, se sert des immigrés au profit d’intérêts économiques. En acceptant de facto, consciemment ou non, que l’identité française se dissolve dans un multiculturalisme dont on a pu mesurer les effets au Royaume-Uni.

L’ouvrage de Jean Raspail, Le Camp des saints, apparaît comme de plus en plus visionnaire. Dans un entretien au Point, en septembre 2015, il expliquait que "ce qui se passe actuellement n'est pas important, c'est anecdotique, car nous n'en sommes qu'au début"… Nos progressistes moralisateurs attisent la crise migratoire au lieu d’essayer de la contenir. Ce sont des irresponsables.

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22 juin 2017 à 19:37

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