Les Amoureux de la France (II)

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L'idée d'une plate-forme réunissant les partis, les associations, les laboratoires d'idées et les personnalités qui se situent politiquement entre Les Républicains et le Front national, le vide idéologique du premier et la difficulté à s'ouvrir du second, va dans le bon sens. Si cette tentative réussit, il devra s'agir d'une chaîne destinée à réunir plutôt que d'une nouvelle formation concurrente des deux premières. Bien sûr, nul n'est naïf au point de croire que les dirigeants, les élus et les apparatchiks des partis se précipiteront pour accueillir à bras ouverts les nouveaux venus. Mais, en revanche, il pourrait en être tout autrement des sympathisants et des électeurs potentiels, fatigués des échecs répétés, des fautes stratégiques, des "batailles narcissiques" et des dérives idéologiques.

On pourra reprocher au titre son caractère mièvre ou fleur bleue qui n'est peut-être pas à la hauteur des enjeux. Il y a là, sans doute, la triple volonté d'être dans le ton de l'époque, de ne pas faire peur en affichant le moindre extrémisme et de rester ouvert. Néanmoins, les amoureux ne doivent pas être langoureux mais déterminés. Certes, la France a de beaux restes, mais ils sont menacés, et on ne peut minimiser les dangers. [...] Sa démographie a reculé après la Révolution, et s'est effondrée durant la première partie du XXe siècle, notamment à cause de la saignée subie lors de la Grande Guerre. Elle n'avait retrouvé des couleurs qu'au lendemain du second conflit mondial. Aujourd'hui encore, elle semble en meilleure posture que la plupart des autres pays européens qui vieillissent au point de dépérir.

Il faut se garder d'une illusion. L'immigration y joue un rôle essentiel, qui transforme profondément la population et entraîne des conséquences perceptibles dans les performances scolaires de notre pays et dans son niveau de cohésion sociale, ce que Durkheim appelait la "solidarité mécanique" de ceux qui forment un groupe solidaire parce qu'ils partagent une identité. La poursuite d'une politique d'immigration, notamment en provenance de pays culturellement éloignés, est suicidaire. [..] C'est le président Poutine qui aurait pronostiqué que la France deviendrait la colonie de ses anciennes colonies. L'absence de préférence nationale dans notre politique familiale, l'abandon progressif de celle-ci, tandis que de prétendus "progrès" sociétaux portaient atteinte à l'institution familiale et que l'immigration était encouragée pour des raisons bassement électoralistes constituent le lourd bilan du socialisme, insuffisamment combattu par la soi-disant "droite". Le mot "trahison" ne serait pas usurpé. La priorité des priorités est de stopper ce processus mortel en restaurant l'objectif d'une identité réelle du peuple français. Celle-ci n'est pas raciale mais culturelle, et elle exige que ceux qui peuvent la transmettre soient préférés à ceux qui en possèdent une autre. La diversité est enrichissante dans les échanges. Elle n'amène que la confusion et l'affaiblissement dans la transmission.

La restauration d'une Éducation nationale digne de ce nom est donc indispensable. La langue y a le premier rôle. Il faut saluer la mise en garde de l'Académie française dénonçant le péril que fait courir la stupidité "pédagogique", mais surtout idéologique de l'écriture inclusive. Une fois encore, un groupe de pression peu nombreux, obsédé par des questions infimes justement ignorées des Français, occupe des places stratégiques qui lui permettent de développer des débats sans intérêt et d'obtenir des évolutions pernicieuses. [...] Une langue est un être vivant qui a sa vie propre. Il faut lui laisser sa spontanéité, en maintenant suffisamment de rigueur pour que les locuteurs s'expriment clairement et se comprennent. Toute volonté de la diriger impérativement et dès le plus jeune âge est suspecte. Il en va de même pour l'Histoire. Une nation est comme un fleuve. Ceux qui le prennent en chemin à leur naissance, ou à leur arrivée quand ils souhaitent se mêler à lui, doivent recevoir en héritage ou en cadeau de bienvenue un récit national. Celui-ci devra mettre l'accent sur ce qui unit plus que sur les sources de division. Le sentiment d'appartenance à un pays, et la fierté qui peut l'accompagner, sont des vecteurs nécessaires de l'intégration.

Christian Vanneste
Christian Vanneste
Homme politique - Ancien député UMP, Président du Rassemblement pour la France, Président de La Droite Libre

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