Le 1er juin dernier, le ministre de la Santé Agnès Buzyn annonçait le non-remboursement, à compter du 1er août, de quatre médicaments censés soigner la maladie d’Alzheimer. Jugés inefficaces et porteurs de graves effets secondaires, ceux-ci ont été écartés par la Commission de la transparence chargée de l'évaluation au sein de la HAS (Haute Autorité de santé).

Exit, donc, Ebixa®, Aricept®, Exelon®, Reminxyl® et leurs génériques dont l’inefficacité aura, en vingt-cinq ans, coûté plusieurs milliards d’euros à la Sécurité sociale et maints désordres de santé à ceux qui les ont avalés.

Comme on pouvait s’y attendre, cette annonce a déclenché une vive polémique, notamment du côté de l’association France Alzheimer, qui juge cette décision « infondée et dangereuse ». C’est donc le moment de se poser la seule question qui vaille : qu’est-ce, exactement, que la maladie d’Alzheimer ? Voire : existe-t-elle réellement ?

Pour le Pr Olivier Saint-Jean, qui dirige le service de gériatrie de l’hôpital européen Georges-Pompidou, et le journaliste santé Éric Faverau, elle serait davantage une « construction sociale » destinée à prendre en charge la vieillesse devenue en soi une maladie insupportable. Cela, pour la plus grande fortune des laboratoires pharmaceutiques et la ruine de notre système de santé. Leur livre Alzheimer, le grand leurre (Éd. Michalon), retrace toutes les étapes de cette dérive.

Autrefois, on était vieux, gâteux, atteint de démence sénile. Les désordres de l’âge faisaient partie de la vie avant qu’elle ne s’achève et la mémoire qui flanche allait avec les genoux qui se dérobent. Si Alois Alzheimer avait bien découvert, voilà un siècle, les fameuses plaques amyloïdes, personne, avant 1976, ne s’était aventuré à mélanger Alzheimer et démence sénile. Sachant qu’aujourd’hui, toute personne qui se plaint de sa mémoire est cataloguée "Alzheimer", on mesurera le chemin parcouru en quarante ans.

Les premiers services de gériatrie apparaissent dans les années 80, « les années médicaments », où l’on instille dans la tête du public la demande de traitement : à chaque symptôme, à chaque désordre de l’existence doit correspondre une pilule magique. La société vieillit et l’industrie pharmaceutique « pressent l’ampleur du marché qui s’annonce ». On commence à avancer des chiffres faramineux, la presse orchestre la psychose. Sans essais ou presque, les États-Unis lancent sur le marché le premier médicament, la tacrine. Une catastrophe thérapeutique : sans effet sur les troubles cognitifs mais désastreux pour ses effets secondaires.

D’autres médicaments suivront, ni plus sérieux dans leur élaboration, ni plus efficaces, mais tout aussi toxiques. « La grande machine des labos est en marche. Il leur faut juste convaincre gériatres et neurologues. » Ce sera fait à coups de voyages, congrès et autres symposiums.

Exit, donc, la démence sénile et le vieillissement cérébral, voici venu le temps d’Alzheimer pour tous… Un pronostic et surtout des traitements étendus à tous ceux qui se plaignent de leur mémoire défaillante. À noter, au passage, que France Alzheimer, tout comme les associations américaines sur lesquelles elle est calquée, est toute proche des labos qui la financent.

En 2007, Nicolas Sarkozy déclare la maladie d’Alzheimer « grande cause nationale ». Les chiffres sont gonflés à dessein pour effrayer : on pronostique 42 millions de malades dans le monde en 2020, 81 d’ici 2040…

Il faudra attendre le scandale du Mediator® pour que les choses évoluent, mais si une sommité médicale reconnaît l’inefficacité des traitements, il estime que « les retirer désespérerait les malades » et leurs familles. Donc, on ne fait rien. On est alors en 2011. Cette année-là, les traitements contre Alzheimer coûteront 200 millions d’euros à la Sécu.

Aujourd’hui, le Pr Loïc Guillevin le dit ouvertement : « Ce sont des médicaments toxiques et très mauvais. Avec leurs effets secondaires, je suis sûr que plus de personnes ont été tuées que celles qui ont vu leur mémoire s’améliorer. »

À méditer…

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17 juin 2018 à 8:00

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