Pour la Macronie, c'était « l'affaire de l'été ». Oui, mais voilà, l'automne est là, et près des trois quarts des Français (74 %) continuent de se dire choqués par l'affaire Benalla. C'est, en effet, ce que révèle le dernier sondage, « L'opinion en direct », mené par l'institut Elabe pour BFM-TV, publié le mercredi 19 septembre dernier.

Si ce chiffre s'avère légèrement en baisse par rapport à celui recueilli en juillet dernier – 80 % des personnes interrogées s'étaient alors déclarées profondément choquées par cette dérive mafieuse élyséenne -, l'impact récurrent reste néanmoins extrêmement important. Rien d'étonnant, bien entendu, à ce que les réactions les plus vives, et les plus marquées, restent majoritairement du côté des militants et sympatisants d'opposition : 83 % chez Mélenchon, 81 % chez Marine Le Pen et 75 % chez les partisans de François Fillon. Au final, ce sont quand même 73 % de Français qui estiment que c'est l'image d'Emmanuel Macron qui sort sérieusement écornée de cette affaire que d'aucuns auraient bien voulu « estivale ».

Par ailleurs, si les responsables de ce lamentable épisode de notre vie démocratique sont diversement désignés parmi Benalla lui-même (58 %) ou les collaborateurs de l'Élysée (38 %), une personne consultée sur deux en renvoie la responsabilité directe sur le chef de l'État.

Il faut dire que les différentes séquences qui ont émaillé ces derniers mois, et qui vont de la parodie d'enquête menée par la commission des lois de l'Assemblée nationale aux déclarations médiatiques, tantôt provocatrices, tantôt effrontément mensongères de Benalla, voire les deux, ont largement contribué à alimenter une polémique, qui ne pouvait que faire les choux gras de l'opposition et de la presse, et ce, pour un certain temps.

Ainsi, n'en déplaise aux responsables politiques de LREM, et aux parlementaires godillots du même parti, ce scandale d'État est loin d'avoir donné toute sa mesure. Pour cela, nous pouvons, fort heureusement, compter sur les sénateurs qui poursuivent leurs investigations et qui ne manqueront pas de mettre le doigt sur les dérives autoritaires d'un Président qui n'a pas hésité, en dépit de la séparation des pouvoirs qui prévaut dans notre système constitutionnel, à intervenir auprès du président de la chambre haute de la République.

Nous pouvons compter également, du moins faut-il l'espérer, sur la Justice qui, saisie de faits plus précis et moins politiques, fera certainement ressortir les pratiques délinquantes de celui qui avait manifestement tout pouvoir auprès de Macron et qui bénéficiait de la protection d'un système digne d'une dictature. Et puis, nous devons compter sur le peuple français lui-même. Dans quelques mois, celui-ci aura l'occasion, de manière concrète et directe, de dire à Jupiter tout le bien qu'il pense de sa façon de gouverner, en matraquant les plus démunis, en privilégiant les nantis et en s'entourant d'individus dont la place est plus certainement en prison que sous les ors de la République.

Car (ne soyons pas naïfs) le verdict des urnes est le seul qui vaille pour marquer sa désapprobation d'un système qui fait fi des principes fondamentaux de la démocratie et qui n'hésite pas à mentir de manière éhontée pour dissimuler des pratiques qui enverraient n'importe quel citoyen derrière les barreaux.

Les élections européennes, d'abord, et les municipales ensuite, sont donc deux rendez-vous à ne pas manquer pour donner un signal fort à ce pouvoir qui non seulement a failli mais, encore, menace nos libertés.

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20 septembre 2018 à 19:35

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