Les titres de la presse sont accablants pour l’Élysée : "Coup de massue", "Le Sénat fustige l'Élysée", etc. Et unanimes. Aussi accablants (et c'est le mot qui revient le plus souvent) que le rapport de la commission d'enquête du Sénat sur l'affaire Benalla présenté, mercredi, par son président Philippe Bas. Il ne laisse plus aucun doute à ceux qui ne voulaient pas y croire, en juillet dernier : l'affaire Benalla est bien une affaire d’État.

Philippe Bas en a énuméré les différentes strates, le coup du 1er mai n'étant, selon lui, que "la partie émergée de l'iceberg" : les ports d'armes, les passeports diplomatiques, les allées et venues hors de France, les affaires russes (et chinoises), les soupçons de conflits d'intérêts, les faux témoignages, toute une série de "dysfonctionnements majeurs". Et, en effet, pour parler comme Philippe Bas, "cela fait beaucoup"...

Plus prosaïquement, on se demande toujours pourquoi cet homme a été introduit dans l'appareil d’État, pourquoi il y a été maintenu et comment il a pu bénéficier de tous ces passe-droits. Qu'Emmanuel Macron ne veuille plus de la politique du fusible, soit, mais qu'il se laisse aimanter par une telle charge si longtemps est stupéfiant. On aimerait bien savoir...

Encore plus prosaïquement, on a peine à envisager que des puissants étrangers, russes ou chinois, aient pu faire appel à un professionnel apparemment aussi peu professionnel qu'Alexandre Benalla. Et on se demande si on peut se contenter de la formule des sénateurs, au sujet des contrats russes d'Alexandre Benalla et Vincent Crase : "fragilisation de la sécurité présidentielle et des intérêts nationaux"...

Mercredi soir, il n'y avait pas grand monde pour défendre Alexandre Benalla et le Président. Personne, hormis les deux irréductibles concierges des deux maisons du "patron" (pour parler comme Alexandre Benalla), Benjamin Griveaux et Aurore Bergé, toujours fidèles au poste. Ils ne juraient que par la séparation des pouvoirs. Cela tombait bien : le Sénat va demander au procureur de Paris d'examiner s'il n'y a pas eu des "contradictions" - ou des contre-vérités... - de la part de trois hauts responsables de l’Élysée : le secrétaire général, Alexis Kohler, le directeur du cabinet, Patrick Strzoda, et le général Lionel Lavergne, du Groupe de sécurité de la présidence de la République (GSPR).

Les Français auront, ainsi, tout loisir d'observer si la séparation des pouvoirs, si chère à Benjamin Griveaux, est respectée.

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20 février 2019 à 18:25

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