Je mentirais en affirmant que je porte le cardinal Barbarin dans mon cœur. À l’heure où mes compatriotes sont régulièrement assassinés par les fidèles d’une religion pour le moins énervée, il est assez pénible d’entendre un prélat de l’Église expliquer qu’un catholique peut prononcer la profession de foi musulmane – la chahada – tout en conservant ses convictions religieuses. Il fut un temps béni où les princes de l’Église n’étaient pas des VRP du vivre ensemble. Hélas, le temps passe !

Cela étant dit, je me réjouis de ceci : "La seconde enquête ouverte en 2016 aux dépens du cardinal Philippe Barbarin, pour non-dénonciation d’agressions sexuelles d’un prêtre, a été classée sans suite" (Libération, quotidien qui s’était particulièrement acharné sur le primat des Gaules).

Pourquoi un tel contentement ? Tout simplement parce que ces accusations, en plus d’être injustes étant donné que l’intéressé avait jadis incité les victimes à porter plainte, visaient nominativement l’Église, ne nous leurrons pas. Car pour certains féroces anticléricaux, cette dernière porte en elle la faute originelle d’exister ; inutile de tenter de les convaincre que, sans elle, point de civilisation occidentale telle qu’on la connaît.

Aussi, lorsque Le Salon beige déclare que "voilà une conclusion qui devrait faire la une des médias qui s’étaient acharnés contre le cardinal Barbarin", j’espère pour eux qu’ils sont armés contre les désillusions, parce qu’il n’y aura pas plus d’excuses que d’abolition des amalgames en ce qui concerne l’Église.

Cependant, et sans doute pour le plus grand bonheur des charognards venus croquer un morceau de la Croix, "les victimes présumées n’ont pas abandonné pour autant l’action judiciaire. Le 23 mai, dix victimes présumées du père Preynat, mis en examen pour agressions sexuelles sur mineurs, avaient annoncé avoir cité à comparaître le cardinal Barbarin et six autres personnes proches de l’archevêque. […] Dans le cadre de cette procédure rarissime, une première audience est fixée au 19 septembre devant le tribunal correctionnel de Lyon" (20minutes.fr).

Et avant de recevoir un tombereau d’injures, je rappelle qu’effectivement il faut éradiquer la pédophilie au sein de l’Église. Mais, à une époque où l’on avance des explications culturelles pour d’autres lorsqu’ils commettent des crimes innommables, il ne faudrait pas perdre de vue que l’homme de Dieu est un médecin des âmes, pas un juge. Il cherche à les racheter, pas à les enfoncer. Cela dit en considérant que force doit rester à la loi.

Enfin, on affuble l’Église de toutes les tares, au mépris de l’Histoire, au mépris, surtout, du bien qu’elle peut apporter aux humbles, lesquels n’ont plus que le Christ comme espoir, la République les ayant souvent abandonnés. Ce Christ abîmé par le cynisme et la cruauté d’une époque matérialiste, c’est en effet, pour certains, "l’Amour à jamais sans séparation, le secours à jamais sans usure dans le courant fatal du temps qui tout emporte" (Marie Noël).

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14 juillet 2017 à 11:08

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