Les réseaux sociaux et les tabloïds américains tentent de ridiculiser Donald Trump et son vice-président Mike Pence après l'annonce, par ce dernier, d'un plan de défense spatiale : "Donald Trump se croit dans Star Wars", "Emperor Mike Pence", etc., ainsi que des images détournées de la célèbre saga.

Expliquons les enjeux. Donald Trump a décidé de remettre les États-Unis en position de suprématie indiscutée sur les plans industriel et militaire. Sa stratégie vis-à-vis de la Corée, de l'Iran, de l'OTAN et de l'Europe, de la Turquie désormais, en sont la traduction : supprimer les chantiers secondaires qui sont budgétivores et, avec les énormes économies ainsi faites, relancer la recherche militaire de pointe, telle celle qui donna la bombe aux États-Unis dès 1944. Et équiper les armées américaines des matériels issus de cette suprématie technologique. Seuls les idiots pensent que Trump est idiot. Trump est parfaitement au courant des progrès militaires effectués par la Chine et la Russie ; aussi entend-t-il doter les États-Unis d'une marge de sécurité telle que son pays sera inaccessible au moindre chantage. Au contraire : aucun pays n'oserait enfreindre une demande géostratégique, voire économique, de la superpuissance. Les grands malaises des monnaies turques et iraniennes de ces derniers jours indiquent que cette tactique est efficace : les marchés anticipent les conséquences.

L’administration Trump a choisi de se projeter dans le futur, et d'envisager la conquête de l’espace sous l’angle de la compétition militaire qui s’annonce face à la Russie et à la Chine. Se contenter de noter que "les réseaux sociaux ont exprimé leur perplexité face à un projet qui semble sorti des cartons des usines à rêves d’Hollywood" ou d'affirmer que "Mike Pence est sur les traces de l’empereur Palpatine de Star Wars", c'est le degré zéro de l'analyse politique et stratégique. Baguenauder sur un sujet aussi sérieux est déconcertant. Trump veut à la fois doper sa recherche et son industrie militaire, donner ainsi un coup de fouet à cette recherche et à l'emploi, tout en se créant une marge militaire et géopolitique irrattrapable.

Car les plans et les axes d'un tel effort de recherche existent déjà et sont connus depuis des années sous le terme de Initiative de défense stratégique. C'est Ronald Reagan qui annonça, dès 1983, une combinaison de systèmes capables d'intercepter les missiles ennemis depuis l'orbite terrestre. Or, tout le discours de la Corée et de l'Iran est de proclamer leurs projets dans le domaine des lanceurs balistiques. Clinton et Obama tarirent les budgets affectés à ces projets. Pourtant, la recherche théorique, et même expérimentale, quoique mise en veille, est demeurée très avancée. Par exemple, pour le laser à rayons, canalisant et concentrant l’énergie d'une explosion atomique en rayons capables de détruire des missiles balistiques au sol ou en vol. Le projet Brilliant Pebbles, élaboré à partir de 1986, reposait sur une constellation de satellites utilisant des projectiles d'interception propulsés, d'en haut, à des vitesses fulgurantes. Ce projet n'a été déprogrammé par le Ballistic Missile Defense Organization que vers la fin du siècle précédent mais, comme souvent, les travaux du programme ont continué encore un peu.

Le sujet est sérieux. Si Donald Trump redonnait une suprématie militaire écrasante à son pays et qu'il diminuait son aide à l'OTAN, après un arrangement avec la Russie, que pourraient faire les Européens ?

Cet article a été mis à jour pour la dernière fois le 09/01/2020 à 17:45.

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13 août 2018 à 18:40

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