À l’ONU, on est là pour écouter une phraséologie humaniste et éthérée, non pour débattre d’une réalité qu’il est inconvenant d’évoquer trop crûment et qu’il est carrément vulgaire de penser changer par la force. Or, Trump a clairement brossé une ligne politique : les États-Unis sont puissants et prospères. Ils veulent que la sécurité, la prospérité, et donc la paix, soient promues dans le monde par la coalition des États-nations souverains et responsables, qui respectent leur peuple et considèrent que leur première mission consiste à le servir. Les États-Unis n’entendent pas imposer leur manière de vivre aux autres nations mais souhaitent être un exemple de réussite proposé aux autres. En revanche, ils sont prêts à agir, y compris militairement, contre les États voyous qui menacent la paix du monde au mépris des intérêts de leur peuple.

La mise en garde à la Corée du Nord apparaît dès lors légitime, et ce sont les minauderies des vierges effarouchées de nos médias qui sont inquiétantes. Combien lourdement chargés d’un trotskisme mal refoulé faut-il que soient les inconscients des donneurs de leçons de nos médias pour mettre sur le même plan le grotesque et sanguinaire tyran nord-coréen, l’ubuesque Kim Jong-un, et le président américain qui, tout baroque qu’il est, a obtenu le soutien exceptionnel de la Chine et de la Russie au Conseil de sécurité ? Les critiques fermes à l’encontre de Cuba et du Venezuela ont permis à Donald Trump une dénonciation globale du socialisme parfaitement justifiée et qui a pu, c’est vrai, irriter les chastes oreilles des marxistes impénitents qui sévissent dans nos rédactions. La discrimination entre l’Iran qui appuierait le terrorisme et l’Arabie saoudite est évidemment plus discutable.

Mais là où Donald Trump a été le meilleur, c’est lorsqu’il a traité les deux aspects de la mondialisation qui touchent les gens : d’une part, les migrations, d’autre part, le chômage. Il n’a pas désigné de pays en particulier, mais c’est le seul moment où les vrais problèmes des Français ont été abordés. Des millions d’emplois perdus, des milliers d’entreprises fermées, une classe moyenne oubliée : s’il pensait avant tout aux États-Unis, ses mots, sinon ses chiffres, parlaient enfin de la réalité française que Macron allait passer par pertes et profits. Pour la question des migrants, c’est encore plus net.

Pas de "route du désespoir", ici, de formule littéraire, vibrante et vide, mais des problèmes réels et des solutions concrètes. Les migrants ne doivent pas quitter leur pays parce que leur départ prive leur nation d’une capacité de développement et d’une pression pour l’évolution politique. Les réfugiés doivent aussi rentrer chez eux, dès qu’ils le peuvent, pour reconstruire leur pays. Les migrations incontrôlées sont aussi mauvaises pour les pays d’accueil que pour les pays d’origine : elles pèsent notamment sur les revenus de leurs citoyens et créent de la pauvreté. Là encore, beaucoup de Français pouvaient se dire qu’on parlait enfin d’eux.

La politique américaine est loin d’être cohérente. Mais le discours de Trump aura eu le mérite de la franchise et de la fermeté. Celui de Macron aura été dans la suite de ceux d’Obama, élégants et vides, aussi beaux qu’ils sont inefficaces. « Qui veut la paix prépare la guerre », disait un adage romain. Il faut espérer que les paroles du président américain soient avant tout une posture de force, et non un préliminaire à la guerre, en vue de pousser à la négociation. Ceux qui, avec légèreté, le prennent pour un cow-boy texan, à la manière de Bush junior, ignorent que Trump est avant tout un négociateur new-yorkais, qui a même écrit sur le sujet. Il sait bien qu’on ne négocie pas avec de belles paroles et de nobles intentions, mais avec des atouts et des moyens pour faire valoir les arguments.

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24 septembre 2017 à 8:29

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