À l’ESC Lyon, Laurent Wauquiez a fait un beau coup !

L’a-t-il fait exprès ? Qui sait ? En tous les cas, le tollé provoqué par Laurent Wauquiez à la suite de sa conférence à l’École supérieure de commerce de Lyon aura été un beau coup.

Parler sans fard de Juppé, de Sarkozy, de Pécresse, de Macron lui a valu un torrent d’indignation de tous bords dont s’est, seul, démarqué Mélenchon, soucieux de défendre, pour Wauquiez et surtout pour lui, la libre parole républicaine - en quoi il a raison.

D’autant que Wauquiez n’a rien dit de si extraordinaire.

Il a néanmoins tout à gagner de cet incident.

Dans le monde médiatique verrouillé qui est devenu le nôtre et qu’on appelle encore démocratie, l’homme politique n’existe plus que par ses dérapages. Donald Trump l’a parfaitement compris : lui qui avait et a encore toute la presse d’outre-Atlantique contre lui, a, tel un bon judoka, retourné la situation à son avantage. De propos outranciers en propos outranciers, il est arrivé à la Maison-Blanche et s’y maintient par la même méthode.

Hors le scandale, tout le monde est fondu dans la grisaille ; tenir des propos raisonnables est le meilleur moyen pour que personne ne les entende, c’est être sans odeur, sans couleur et sans saveur.

Le scandale fait parler de vous et, dans le tourbillon médiatique où tout se confond, élargit votre audience.

Le vrai chef ne parle pas la langue de bois.

C'est aussi la marque du chef. Comme Alexandre devant le nœud gordien, le vrai chef est un transgresseur. Le général de Gaulle lui-même savait, quand il le fallait, mettre les pieds dans le plat.

La langue de bois est celle des bureaucrates, des fonctionnaires de la pensée unique, le contraire des vrais leaders.

Ainsi Wauquiez, par cet incident, prend quelques couleurs.

Qu’avait-il à perdre, au demeurant ? L’aile prétendue de gauche, « constructive » des Républicains ne pèse plus guère. Beaucoup ont quitté le navire. Il leur faudrait, pour être crédible, savoir en quoi ils se distinguent de la ligne Macron, ce qui leur est sans doute bien difficile.

Un pied dans le populisme par beaucoup de ses positions. Un pied dans l’oligarchie par toute les saintes huiles qui ont coulé sur son front: Normale Sup, ENA, Conseil d’État. Wauquiez a bien des atouts.

Son principal handicap est de venir après Chirac et Sarkozy. L’un comme l’autre ont pris d’assaut la droite par un discours musclé qui a fait illusion. L’un et l’autre ont fortement déçu en menant une politique alignée sur le consensus dominant, aux antipodes de ce que le peuple attendait d’eux. Pour parler sans fard, tout le monde, aujourd’hui, s’attend à ce que Wauquiez fasse pareil. À lui de prouver qu’il est différent.

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