À l’Assemblée, il y a commission et commission…

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Christophe Castaner : il n’existerait pas, il faudrait l’inventer. Du pain bénit pour les noircisseurs de papier. Rien à gratter ce matin au sujet du théâtre d’ombres qu’est notre vie politique, désormais lessivée avec cette nouvelle savonnette à vilains baptisée « loi pour la confiance dans la vie publique » ? Vite, consultons les tweets, écoutons en replay les plateaux télé ou radio de l’omniprésent barbu de trois jours. C’est bien le diable si vous ne trouverez pas une nouvelle "castanerade" à commenter. Pas une semaine, en effet, sans qu’il nous en sorte une grosse comme lui. Même dimanches et fêtes, ouverture des commerces oblige. Le porte-flingue d’Emmanuel Macron ne fait jamais relâche. Infatigable, l’homme.

On se souvient de ses propos en juillet dernier au sujet du général de Villiers : "Le chef d’état-major a été déloyal dans sa communication, il a mis en scène sa démission..." "Il s’est comporté en poète revendicatif." L’art de la mauvaise foi chatouillait, là, des sommets que la trop tôt arrachée à la vie publique Najat Vallaud-Belkacem n’avait jamais atteints lorsqu’elle occupait, alors au temps de sa splendeur, le "porte-parolat" gouvernemental. Manque de souffle, refus de quitter ses escarpins peu appropriés pour affronter les hauteurs escarpées, on ne sait, Najat est en tout cas incontestablement doublée par le montagnard alpino-provençal Castaner avec ses gros croquenots et son baratin de politicien de sous-préfecture.

Mais dimanche dernier, notre tchatcheur en chef a encore battu un record. Cette fois-ci, sur le plateau ensoleillé d’Europe 1 où il faisait en quelque sorte le SAV suite à la prestation du « Super Trempe » de la macronie : je veux parler du toujours député M’Jid El Guerrab. Ce dernier a démissionné la semaine dernière du groupe de La République en marche à l’Assemblée, après son coup de casque inapproprié, sans doute pour éviter de lui faire perdre le label de la bienveillance, revendiqué par cette nouvelle génération de politiciens, et à donc rejoint les non-inscrits.

Comme un député est obligé d’appartenir à une commission, M. El Guerrab, qui faisait partie jusqu’alors de la très prestigieuse commission des Finances, au titre de membre du groupe LREM, a intégré celle de la Défense et des Forces armées, ce qui n’a pas manqué de faire sourire ici et là.

Voici comment M. Castaner voit ce transfert qui casquera moins que celui de Neymar : "Je vais vous faire une confidence [un truc qui marche toujours bien quand un politicien dit cela au micro, avec la gourmandise d'Annie devant sa sucette à l'anis], passer de la commission des Finances à la commission de la Défense, ce n’est pas une promotion..." On sait désormais qu’à l’Assemblée, il y a les députés qui font dans la grosse commission et ceux - de seconde zone, j’imagine - qui se contentent de la petite… Et, histoire de s’enfoncer un peu plus dans la mauvaise foi, la bêtise ou les deux à la fois, d’ajouter : "Richard Ferrand a sanctionné ce député en le mettant à la commission de la Défense." Bref, la commission de la Défense, c’est un peu les Bat’ d’Af’ de l’Assemblée !

Mais le meilleur est pour la fin. Notre premier de cordée gouvernementale atteint des cimes jusqu’alors inexplorées : "Aujourd’hui, la commission de la Défense n’est pas dans les dossiers aussi chauds que la loi de finance qui arrive à la fin du mois de septembre." C’est vrai, ça, les questions de Défense, après l’affaire des 850 millions de réduction budgétaire, les gels de crédits, ce ne sont pas des dossiers chauds. Forcément. Et les hommes et femmes qui risquent leur vie au quotidien sur les différents théâtres d'opérations, c’est des dossiers comment ?

Georges Michel
Georges Michel
Editorialiste à BV, colonel (ER)

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