Il y a soixante-sept ans, la déclaration Schuman marqua le premier jour de la construction européenne. Le but était de mettre en commun le charbon et l’acier français et allemands pour fonder la paix, la prospérité et créer un bouclier occidental solide face au monde communiste en ces temps de guerre froide commençante. Un an plus tard, en 1951, le traité instaurant la première communauté (CECA) sera signé par six pays.

Dès 1948, lors du Congrès de La Haye, les européistes s’étaient réunis, unionistes et fédéralistes confrontant des projets très différents, les premiers étant partisans d’une coopération intergouvernementale entre les pays partenaires, les seconds se prononçant pour une construction supranationale. Les premiers l’emportèrent et, en 1949, fut créé le Conseil de l’Europe.

Déçus, les fédéralistes lancèrent, par le biais de Jean Monnet, une initiative visant à créer une institution supranationale, ce que n’était pas le Conseil de l’Europe. Ils préparèrent la déclaration Schuman, lue, dans le salon de l’Horloge du Quai d’Orsay, par le ministre qui lui donna son nom : Robert Schuman.

Ce fut le « complot du 9 mai », selon l’expression de Pascal Fontaine, ultime conseiller de Jean Monnet. En effet, le texte fut préparé dans le plus grand secret et en liaison avec le département d’État à Washington, les membres du gouvernement français n’en prenant connaissance que quelques jours avant son officialisation.

La veille de la déclaration, le 8 mai, Monnet finalisa le projet à l’ambassade américaine, en présence de Dean Acheson, secrétaire d’État, Robert Bruce, ambassadeur des États-Unis, et John McCloy, haut-commissaire américain en Allemagne. Ce dernier était un proche du milliardaire mondialiste David Rockefeller, qui avait produit, en 1946, au nom de l’influent Council on Foreign Relations (CFR), un mémorandum en faveur de l’unification de l’Europe.

Déjà, la « méthode Monnet », fondée sur le secret et la mise devant le fait accompli, se révélait. Inspiré et promu par les milieux financiers et politiques anglo-saxons qui l’avaient préparé à cette tâche, Monnet était la créature de ces puissances de l’ombre qui, toujours, le placèrent là où il le fallait et quand il le fallait. Monnet, au destin fabriqué (qui n'est pas sans faire penser au cas Macron), bénéficia aussi du préjugé favorable des médias.

Il était plus qu’un européiste, c’était un mondialiste qui théorisait une révolution géopolitique permanente. L’Europe, écrivit-il, "n’a pas de fin en elle-même", elle est "un processus de transformation qui continue", la communauté n’étant "qu’une étape vers les formes d’organisation du monde de demain".

Georges Berthoin, qui fut l’un de ses collaborateurs et haut dirigeant de la Trilatérale, le plus puissant think tank mondialisé, exprima un jour son regret que n’existe pas un « nouveau Monnet » pour réaliser une fédération internationale. L’élection programmée d’Emmanuel Macron, créature des mêmes milieux financiers qui firent Monnet, aurait-elle pour finalité de pallier ce manque afin d’achever l’Europe supranationale, préalable à ces "ensembles beaucoup plus grands" auxquels rêvait l’auteur de la déclaration Schuman ?

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09 mai 2017 à 0:05

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