Le 8 mars, Karine Le Marchand a rendu hommage aux… hommes aimants et respectueux. Et elle a eu bien raison !

Karine Le Marchand fait les gros titres, ce matin. Figurez-vous qu’elle a "dérapé"». Non pas avec ses stilettos sur une plaque de verglas - heureusement, le printemps approche enfin - mais sur la Journée de la femme : "Son tweet […] ne passe PAS DU TOUT" (Voici), il "provoque une polémique" (Femme actuelle) et même "la colère des internautes" (La Dépêche), laissant donc entendre que tout ce qui a une connexion Internet dans ce bas monde, du pôle Nord aux îles Fidji, a manifesté son courroux.

Mamma Mia ! Mais qu’a-t-elle fait pour déclencher un tel séisme planétaire ?

Vous savez, la Journée de la femme est un peu comme la quête à la messe : tout le monde est obligé de donner sa petite obole, sinon on vous regarde de travers. Karine Le Marchand a donc déposé docilement son petit tweet. Sauf que ce n’est pas une pièce de deux euros, qu’elle a mise dans la corbeille, mais, malicieusement, un bouton de culotte. Une phrase tout à fait inconvenante, de l’avis des dames matronnesses de la paroisse féministe : "En cette Journée de la femme, j’envoie toute ma tendresse aux hommes aimants et respectueux, sans le regard desquels nous ne nous sentirions pas autant femmes #merci #viveleshommes #apaisement." "C’est d’un irrespect incroyable, ce tweet est extrêmement malaisant", commente, outrée, une certaine "Végé melaninée" (sic), qui a au moins le mérite de ne pas faire chorus aux bordées d’injures de certaines - je vous les épargne -, les grenouilles de ces nouveaux bénitiers, victoire de l’égalité des sexes que chacun appréciera, coassant désormais aussi grossièrement que les crapauds.

Et c’est tout ? C’est de cela qu'il faut s’indigner ? En sus de balancer les porcs, il faudrait s’interdire de parler gentiment à ceux qui ne le sont pas au prétexte qu’il est interdit de pactiser avec l’ennemi ? Parler d’apaisement serait un acte de haute trahison ? Affirmer - mais c’est un lieu commun, pourtant ! - que le regard d’un homme vous fait sentir spécialement femme, comme celui de votre bébé vous rend mère, ou comme celui de vos parents vous renvoie à l’enfant que vous serez toujours pour eux, serait « déraper » ?

Parmi les déclarations à l’eau de rose obséquieuses qui traînent sur les réseaux sociaux le 8 mars, on lit que si le monde était gouverné par des femmes, il y aurait moins de guerres. Pardon, je me prends parfois à douter.

Circonstance aggravante, La Dépêche, vacharde, souligne que la dame est une récidiviste : "Nouveau" dérapage pour Karine Le Marchand, Karine Le Marchand est "à nouveau dans la tourmente". Elle a déjà été "épinglée pour ses propos clichés sur les homosexuels" (Voici) et a été accusée, dans son émission "Une ambition intime", avant les présidentielles, de "copiner" (Le Point) avec Marine Le Pen et François Fillon, qu’elle avait logés - quelle faute professionnelle - à la même enseigne que les autres, les interrogeant, eux aussi, sur leur enfance et leur progéniture. Mais il est bien connu que la bête du Gévaudan comme le yéti sont des monstres sui generis, dépourvus de toute famille susceptible de les aimer un petit peu.

Il faut croire que Karine Le Marchand, sorte de Jean-Pierre Pernaut en jupons, ne s’est pas contentée d’apporter le bonheur dans le pré : elle y a elle-même trouvé un certain bon sens paysan.

PS : Karine Le Marchand a annoncé, lundi, qu'elle quittait Twitter, estimant que ce réseau social est "devenu un tel déversoir de haine [qu'elle n'a] plus de plaisir à communiquer".

Gabrielle Cluzel
Gabrielle Cluzel
Directrice de la rédaction de BV, éditorialiste

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