68 mafieux et hommes d’Église arrêtés pour détournement des fonds destinés aux migrants

Il ne se passe pas une semaine sans qu'un nouveau scandale mettant en lumière le fructueux business que représente la crise migratoire n'éclate au grand jour.

Lundi, un vaste coup de filet de la police de Catanzaro, dans le sud de l'Italie, a conduit à l'arrestation de 68 personnes appartenant ou affiliées à la redoutable mafia calabraise 'Ndrangheta. Elles sont soupçonnées de fraude, détournement d'argent public, malversations, association mafieuse, détention illégale d'armes et vol.

Le clan mafieux de la famille Arena, appuyé par des institutions religieuses locales, aurait détourné au moins 36 millions des 103 millions d'euros des fonds dévolus par l'Union européenne à la subsistance des clandestins, à travers la gestion du centre d'accueil d'Isola di Capo Rizzuto - un des plus grands de la péninsule, cinq hectares de superficie, 1.500 résidents – dont ils s'étaient adjugés le monopole.

Dans les faits, ils dérobaient une grande part des 35 euros destinés quotidiennement à chaque migrant, tout en fournissant un service plus qu'insuffisant, et les présences dans le centre étaient gonflées pour encaisser toujours plus. Une arnaque désormais bien rodée qui s'étend dans tout le pays et tout le long de la chaîne de la gestion des demandeurs d'asile : transport, hygiène, blanchisserie, repas, ressources humaines, etc.

Ajoutez l'immatériel au matériel et vous aurez compris qu'avec l'immigration de masse, il n'y a pas de petits profits. Le prêtre du village, don Eduardo Scordio, en sait quelque chose, puisqu'il aurait perçu 132.000 euros en un an pour "l'assistance spirituelle" de ces derniers. Il est lui aussi en état d'arrestation, tout comme le président de la confraternité religieuse Misericordia, Leonardo Sacco, dont les liens avec des personnages politiques de premier plan en font trembler plus d'un. Sa photo bras dessus, bras dessous avec le ministre de l'Intérieur Angelino Alfano a fait la une des principaux médias.

Le gain, si l'on peut nommer ainsi ce pactole, était dépensé en voitures, bateaux et habitations de luxe. C'est, d'ailleurs, ce train de vie bling-bling des principaux accusés qui a attiré l'attention des enquêteurs. L'opération menée conjointement par la gendarmerie, la police et la brigade financière a permis la saisie de (entre autres) onze sociétés (agriculture, restauration, tourisme, BTP, services), 148 biens immobiliers, 96 automobiles, 27 ambulances, 5 bateaux, 180 relevés bancaires et financiers, ainsi que du patrimoine de la confraternité de la Miséricorde (dont 1.700 m2 de couvent, un théâtre et plusieurs possessions foncières). Si, dans cette affaire, les prévenus sont au nombre de 84, la quantité de personnes bénéficiant du business de l'immigration est inévitablement colossal.

À la vue de ces chiffres, on se dit que, dans une société qui a fait du profit son moteur, notre survie en tant que civilisation paraît bien dérisoire...

Cet article a été mis à jour pour la dernière fois le 09/01/2020 à 19:33.
Audrey D’Aguanno
Audrey D’Aguanno
Journaliste - résidant en Italie

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