27 novembre : le pape se décide, enfin, à en appeler à la défense des chrétiens d’Orient

Dans un grand discours, le pape aborda des thèmes absolument majeurs pour la survie des témoins du Christ et de sa parole. Il dénonça les grandes souffrances des chrétiens d'Orient : destruction de lieux saints, atrocités commises, comme les massacres des populations, les expulsions, déportations, mises en esclavage, viols, pèlerinages en danger. L'auditoire fut saisi de stupeur, de commisération.

Rappelons à nos lecteurs que tout a commencé, en 1009, dans la Jérusalem alors majoritairement chrétienne occupée par les musulmans, lorsque le calife fatimide Al-Hakim fit détruire jusqu'à sa dernière pierre le Saint-Sépulcre. Depuis cette date, la paix n'a jamais été observée au Moyen-Orient et les persécutions n'ont jamais cessé, faisant peu à peu de la religion chrétienne, jadis majoritaire et librement choisie, une religion désormais de proscrits et de martyrs, de citoyens de seconde zone, voire une religion purement et simplement interdite (Arabie), et la conversion au christianisme, selon les pays musulmans, soit un crime passible du supplice et de la mort, soit la cause de la perte de la nationalité (partout, même au Maroc en 2017). La possibilité de construire une église ou même simplement de la réparer est soumise à autorisation en Turquie où, depuis 2014, une cinquantaine de biens appartenant à l’Église syriaque-orthodoxe ont été expropriés par le gouvernement turc dans le sud-est de la Turquie. Parmi ces biens, des monastères très anciens comme Tur Abdin (IIIe siècle !) où vivent encore une dizaine de moines, les derniers de Turquie orientale. Il est interdit d’importer ou de posséder une Bible traduite en arabe en Arabie, au Maroc, en Libye ou en Ouzbékistan. La peine de mort y est parfois encourue.

Ce fort discours tant attendu, un grand discours de grand pape, pénétré de sa responsabilité historique, a bien été prononcé le 27 novembre… Mais c'était par le pape Urbain II (pape français), en 1095, qui l'avait présenté comme un discours des "temps derniers", à Clermont-Ferrand, au lendemain du concile qu'il avait présidé.

Henri Temple
Henri Temple
Essayiste, chroniqueur, ex-Professeur de droit économique, expert international

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