Ce ne sont pas moins de 3.000 jeunes soldats qui, lundi 18 juin 1917, défilent dans le magnifique cadre du jardin des Tuileries, sous un soleil de plomb. Il fait plus de 30 °C, si l’on en croit la note manuscrite que le dessinateur Félix Brard a inscrite au dos de son tableau Square de la mairie du 14e arrondissement, rue Mouton-Duvernet. Cette note indique : "Par 32° à l’ombre, 18 juin 1917."

"Dès midi, les diverses tribunes s'étaient garnies de spectateurs. Dans les allées, sous les grands arbres, sur les rampes qui descendent des terrasses, partout en un mot, se presse une foule, enthousiaste", souligne le journaliste du quotidien La Presse.

Ces "soldats de demain", comme les appelle le quotidien Le Petit Parisien, ont été invités par le sous-secrétaire d’État à la guerre, René Besnard (1879-1952), et par l’Union des sociétés de préparation militaire ainsi que la Société d’enseignement moderne. Raymond Poincaré, en déplacement à Reims une nouvelle fois bombardée, s’est fait représenter, de même que le président du Conseil, Alexandre Ribot, et de nombreux ministres.

Les 3.000 jeunes gens des différentes armes (infanterie, cavalerie, artillerie, aviation) commencent par défiler, drapeaux déployés, devant la tribune d’honneur où se sont massées de nombreuses personnalités. Parmi elles, des députés, des sénateurs, des représentants des gouvernements alliés et, bien sûr, des militaires, dont le général Augustin Dubail, gouverneur militaire de Paris. Présentés par le commandant Matifas, ils exécutent divers exercices d’éducation physique. "Un succès justifié fut fait aux moniteurs de Joinville, que le sous-secrétaire d’État tint à féliciter particulièrement, ainsi que leurs élèves", relate Le Petit Parisien

La veille, alors qu’il a visité ce qui deviendra plus tard le célèbre bataillon de Joinville, John Finley, directeur de l’université de New York, avait dit aux moniteurs : "J’admire qu'après toutes les saignées dont la France avait souffert dans cette guerre, la race (sic) soit demeurée si vigoureuse avec une si belle pépinière de beaux hommes."

Quant au ministre René Besnard, il évoque dans son long discours les victoires de la Marne et de Verdun, l’affaiblissement de l’Allemagne qui commence à reculer, la France qui avance, "retrouvant de larges lambeaux du pays, pleins d’héroïsme et de gloire". Il le clôt par ces mots, en s’adressant à ces jeunes de moins de 20 ans :

Après trente-cinq mois de guerre, mes chers amis, votre sang jeune et généreux va remplacer, pour la lutte, le sang héroïque qui a coulé. Tous debout, dans la nation consciente de ses devoirs, parmi les étendards alliés qui flottent pour la liberté du monde, pour notre Alsace chérie, pour la Lorraine immuable, saluez avec moi, citoyens et soldats de demain, nos drapeaux qui portent en leurs plis la paix.

Le discours patriotique du ministre soulève littéralement l’auditoire, soulignent les journalistes présents.

Auparavant, ce sont 400 enfants des écoles municipales de la ville de Paris, puis plusieurs sociétés de province qui, malgré les nombreuses difficultés consécutives à la guerre (restrictions, réquisitions…), sont venues présenter leurs spectacles.

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17 juin 2017 à 20:26

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