Il y a tout juste cent ans, le 14 juillet tombait un samedi. C’était le 1.077e jour de guerre. Ce jour-là, l’Allemagne change de chancelier. Theobald von Bethmann Hollweg (1856-1921) démissionne sous la pression des généraux et des chefs de partis. Il aura tout de même passé huit ans à la tête du gouvernement. Il est remplacé par Georg Michaelis, qui ne va rester que quelques semaines à la Chancellerie.

Pendant ce temps, la France défile fièrement pour sa fête nationale, sous le signe de "La Cérémonie des Drapeaux"», écrit L’Écho de Paris en une de son édition du 15 juillet. Ils sont des milliers de soldats, venus du front pour offrir aux Parisiens "un glorieux cortège", indique Le Journal du 15 juillet, "une apothéose", titre L’Excelsior, ou encore "un symbole", souligne Le Figaro.

En réalité, il n’y a pas moins de 291 délégations de régiments et de formations qui défilent ce jour-là : 78 régiments d’infanterie de ligne, 16 régiments d’infanterie coloniale, 16 de troupes d’Afrique, 35 bataillons de chasseurs, 3 bataillons sénégalais, 2 bataillons d’infanterie légère d’Afrique, 1 bataillon de fusiliers marins, 1 bataillon de cyclistes, 5 régiments de cavalerie, 47 compagnies du génie, 11 régiments d’artillerie, 16 groupes d’artillerie, 24 batteries, 31 escadrilles d’aviation, 4 groupes de bombardiers et un groupe de brancardiers. « Au total près de 8.000 hommes », note L’Excelsior.

Avant que le général Augustin Dubail (1851-1934) ne prenne la tête du défilé qui va s’étirer du cours de Vincennes à la place Denfert-Rochereau, en passant par le Pont Sully, le président de la République Raymond Poincaré (1860-1934) et le maréchal Joseph Joffre (1852-1931) remettent la "fourragère aux couleurs de la croix de guerre à la Légion étrangère et au 152e régiment d’infanterie", note Le Journal. Mais pour L’Écho de Paris, c’est la fourragère de la médaille militaire que l’on remet à ces deux régiments. C’est ce dernier qui a raison, puisque le régiment des « Diables rouges » du « 15.2 » avait reçu la fourragère de la croix de guerre en juin 1916…

Puis c’est au tour des généraux Alexandre Percin (1846-1928), Louis Franchet d’Espèrey (1856-1942) et Paul Muteau (1854-1927) de recevoir la grand-croix de la Légion d’honneur. D’autres officiers généraux décorent des officiers, des sous-officiers et des hommes du rang.

Selon les récits de l’époque, la foule ovationne avec enthousiasme les drapeaux en haillon des unités suivantes qui défilent : 21e, 37e, 67e, 110e, 114e, 205e et 267e d’infanterie, "ceux des zouaves et celui des chasseurs […] percé de mille trous", précise L’Écho de Paris. Devant le Luxembourg, la foule est si dense que les cordons du service d’ordre sont rompus. Sans conséquence, bien sûr.

Comme le note le journaliste du Figaro, "Paris a, de tous temps, adoré ses soldats, et les revues sont ses fêtes favorites. Celle du 14 juillet 1917 lui laissera un souvenir à la fois délicieux et poignant."

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13 juillet 2017 à 23:42

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